Les origines de la police marine londonienne, aussi appelée police de la Tamise, remontent au 18e siècle. Lors du déchargement des cargos sur les quais du fleuve, de nombreux produits de valeur avaient tendance à régulièrement disparaître. Les importateurs de denrées coloniales perdaient ainsi jusqu’à 500.000 livres par an, ce qui de nos jours équivaudrait à 59 millions de livres. Sans parler des pertes subies par les navires quittant le port, en proie aux bateaux pirates postés en embuscade.
Un plan de protection de la rivière fut lancé en 1797 par un certain John Harriott, un juge de paix, agriculteur et inventeur. Avec le soutien juridique du philosophe Jeremy Bentham et l’influence du magistrat principal Patrick Colquhoun, en poste à Westminster, Harriott sut convaincre les commerçants de la Compagnie des Indes de financer une force de police afin de mettre un terme au pillage des navires ancrés dans le centre de Londres.
Cette nouvelle force de police fut déployée en 1798 et la Thames River Police devint ainsi le premier corps policier au monde, avec pour unique but la prévention et la répression des crimes sur la Tamise. Ce service fut le précurseur de nombreux autres corps de police.
Au fil du temps, le bureau de la Thames Police fut intégré aux services de police généraux de la ville de Londres pour devenir, en 1839, la Thames Division de la Metropolitan Police.
Bien qu’il n’y ait plus de pirates sur la Tamise, la Thames Police reste indispensable. Aujourd’hui, des bateaux d’intervention rapide, dont certains peuvent atteindre une vitesse de plus de 40 noeuds, ont remplacé les barques d’antan et les officiers sont plutôt impliqués dans la surveillance du trafic ou dans des opérations antiterroristes que dans la chasse aux pirates.
La police marine n’est pas uniquement responsable de la sécurité sur la Tamise, mais également des canaux, affluents, quais et réservoirs. Le service compte 89 officiers, 8 agents spéciaux et une petite équipe civile. Ils disposent d’un flotte de 20 bateaux: 15 bateaux de patrouille, un navire de commandement baptisé le Patrick Colquhoun, et 4 bateaux pneumatiques. Pour l’instant 4 équipes d’intervention, chacune avec 2 sergents et 12 agents, patrouillent au quotidien les eaux troubles de la Tamise.
La police marine est également appelée lorsqu’il faut sortir un corps de la rivière. En moyenne, tous les ans, entre 80 et 100 personnes perdent la vie dans la Tamise. Il s’agit majoritairement de personnes qui se donnent la mort en enjambant l’un des nombreux ponts. Dès que le corps est sorti de l’eau, il est transporté pour identification à la morgue du bureau de police de Wapping. La plupart des corps sont retrouvés à hauteur de la péninsule de Rotherhithe, à l’est de Londres, là où la Tamise négocie un gros virage.
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur l’histoire de la police de la Tamise, un petit musée est accessible dans la station de police de Wapping. Ce bâtiment fut pendant plus de deux siècles le quartier général de la Thames River Police. Comme le musée se trouve dans un bureau de police en fonction, il est nécessaire de prendre rendez-vous. Un policier à la retraite se fera un plaisir de vous faire visiter les lieux.