C’est un inventeur anglais, Thomas Newcomen, qui développa la première machine à vapeur à vocation commerciale, dès 1712. Le premier bateau à vapeur, le PS Comet, fut quant à lui construit un siècle plus tard, en 1812, par Henry Bell. Les habitants de Londres purent très rapidement profiter de cette nouvelle invention.
Les premiers bateaux à vapeur furent lancés sur la Tamise aux alentours de 1815 et furent pendant plus de 25 ans le plus important moyen de transport de passagers. Pas moins de 80 bateaux à vapeur étaient répertoriés sur le fleuve durant cette période. Le Steamboat Act de 1819 fut le premier texte établissant les règles de sécurité pour l’usage de cette nouvelle technologie. Les vapeurs en bois de l’époque, mus par des roues à aubes, s’avéraient bien plus rapides et fiables que les bateaux à voiles ou les canots à rames pour le transport de passagers dans l’estuaire de la Tamise. À Londres, le premier service passager fut assuré par le SS Margery, un vapeur naviguant sur la Long Ferry route, entre Gravesend et Londres.
Il existait trois routes principales de transport de passagers. La première était donc la Long Ferry route, la deuxième reliait Londres et Richmond et la troisième Londres et Margate, à la pointe de l’estuaire de la Tamise. Cette route était alors fort en vogue auprès des voyageurs venus du continent et des riches Londoniens allant se divertir sur les côtes du littoral.
Ces trois routes fluviales remontent en fait au 17e siècle. Avant les navires à vapeur, les passagers étaient transportés par bateau à voile (des hoys) ou par canot à rames (des tilt-boats), pouvant embarquer jusqu’à 40 passagers. Le voyage à bord de ces navires était malheureusement peu confortable tant ils roulaient dès que les vagues prenaient un peu d’amplitude.
Au début du 19e siècle, jusqu’à 20.000 personnes faisaient le trajet Londres – Margate durant la belle saison. L’arrivée des bateaux à vapeur constitua pour les opérateurs en place un véritable danger commercial. Les exploitants des bateaux à voile et des canots à rame réagirent férocement à ce nouveau concurrent: les navires furent nettement améliorés et on renforça les équipages pour améliorer la qualité du service à bord sur les différentes routes.
Hélas, on ne put arrêter le progrès, et en 1826 il était clair que les vapeurs prendraient le dessus. De nouveaux embarcadères furent construits tout au long de la Tamise pour les accueillir. Bien que de multiples accidents ponctuèrent le développement du transport passager, les nouveaux services connurent un succès retentissant.
La Margate Steam Packet Company fut la première compagnie de bateaux à vapeur, fondée en 1815, suivie de la Gravesend Steam Packet Company et de la General Steam Navigation Company. La Compagnie des Bateliers et Allégeurs ne créa sa propre compagnie qu’en 1841.
Le trafic s’intensifia dans les années 1830 avec la création de trois nouvelles compagnies et le lancement de dizaines de nouveaux vapeurs. Le secteur se vantait d’avoir fortement amélioré la navigation sur la Tamise en déployant le meilleur service du Royaume Uni. Dans les années ‘30 du 19e siècle, chaque compagnie transportait chaque année plusieurs centaines de milliers de passagers.
L’arrivée du chemin de fer en 1838 et l’ouverture du South Eastern Railway jusqu’à Douvres en 1844 constituèrent à leur tour une menace commerciale pour les bateaux à vapeur de la Tamise. Mais le réel coup de grâce fut l’ouverture de la ligne ferroviaire Londres – Gravesend en 1849. À partir de 1851, le transport fluvial n’était plus ni l’option la plus rapide ni la moins chère.
Bien que les vapeurs continuèrent à faire le plein pendant les vacances d’été et pendant les week ends, les rentrées financières ne suffirent plus à maintenir à flot un grand nombre de navires. Petit à petit les bateaux à vapeur ne furent plus utilisés qu’à des fins touristiques.