Avec ses centaines de navires, la flotte britannique fut respectée et crainte pendant des siècles. Depuis ses victoires contre l’invincible Armada espagnole en 1588 et contre la marine du Roi de France à la bataille de la Hougue en 1652, la Royal Navy régna sur les mers du globe jusqu’à la première guerre mondiale.

C’est le succès remporté à Trafalgar qui marqua à jamais la suprématie maritime des britanniques. Cette bataille opposa le 21 octobre 1805 la flotte franco-espagnole, sous les ordres du vice-amiral Villeneuve, à la flotte britannique commandée par le vice-amiral Nelson. Bien que Nelson y trouva la mort, la tactique mise en oeuvre valut aux Britanniques une victoire totale en dépit de leur infériorité numérique. Trafalgar Square et sa célèbre colonne de Nelson commémorent ce brillant fait d’armes de la Royal Navy.

La bataille de Trafalgar, par J.M.W Turner.

La bataille de Trafalgar, par J.M.W Turner.

 

Des opérations d’une telle envergure nécessitaient une logistique à la hauteur des moyens engagés. Les équipages ne pouvaient se battre l’estomac vide. Le district de Londres où s’organisait jadis le ravitaillement de la flotte britannique porta le nom de Sailortown du 16e au 19e siècle.

navires en attente de ravitaillement Sailortown

Navires en attente de ravitaillement.

On y trouvait les constructeurs de navires, les propriétaires de bateaux, les capitaines, les marchands et les équipages. On y construisit des quais, à quelques encablures de la City de Londres. Le développement fulgurant de l’est de la ville, dans tous ses excès, fit rapidement de Sailortown un quartier chaud, à la réputation sulfureuse. 

Autour des docks, une zone délabrée englobait alors les hameaux de Wapping, Shadwell et Ratcliffe. On y trouvait des auberges, des maison closes, des bars, des fumeries d’opium et des music halls. Les ruelles étroites où se succédaient taudis et tavernes attiraient les équipages de marins venus des quatre coins du globe, à la recherche de nourriture, d’alcool et de femmes. Des nuits trop arrosées finissaient inévitablement en bagarres désordonnées.

sailortown taverne

 

bagarres entre marins sailortown

L’East London History Society a révélé par ses recherches qu’au-delà d’héberger des lieux de perdition à perte de vue, Sailortown remplissait une fonction essentielle dans le ravitaillement des navires de la Royal Navy.

On peut ainsi apprendre qu’entre 1750 et 1757, la flotte britannique consomma 24 tonnes de pain, 110.000 tonneaux de bière, 2 tonnes de viande de boeuf, 1,5 million de litres de cognac, 3 tonnes de viande de porc, autant de farine et plus de 200.000 boisseaux de haricots.

Cette opération d’approvisionnement à grande échelle fut intégralement confiée à des marchands privés, basés à Sailortown. Un contrat avec la marine assurait aux marchands un revenu récurrent, ce qui permit au quartier de se développer. L’on trouvait de tout à Sailortown: du bois, des biscuits secs, de la viande, de la bière, de la poudre à canon et même des drapeaux.

http://porttowns.port.ac.uk/london-sailortown/

Sailortown au 19e siècle.

 

En 1794, près de la moitié de Sailortown fut rasé par un incendie. Suite à de nombreux changements administratifs, les hameaux du district furent progressivement intégrés dans l’arrondissement de Stepney. À la fin du 19e siècle, cette zone de Londres s’était fortement assainie et la presse ne parlait désormais plus de Sailortown comme d’un quartier misérable: “c’est une zone habitée par des personnes actives dans le transport maritime, avec ses rues pavées et éclairées au gaz, où les logements disposent de l’eau courante”.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire de Sailortown, n’hésitez pas à visiter l’exposition permanente au Museum of London Docklands.

Museum of London Docklands

Museum of London Docklands