Une sortie en kayak sur la Tamise
Le kayak est l’une des activités de loisir qui ont connu un essor majeur durant la pandémie de 2020, le public recherchant des sorties originales à faire entre amis ou en famille, dans le respect des règles de distanciation sociale.
Les vendeurs de kayaks ont pour certains écoulé en quelques semaines le stock qu’ils vendaient auparavant en une saison entière ! Durant l’été 2020 il était pour ainsi dire impossible de trouver un kayak de stock sur les principaux sites d’e-commerce.
En ce qui me concerne, mon choix s’est porté sur un kayak gonflable Itiwit de Décathlon. Je l’ai commandé aux alentours du 20 août et il a fallu une dizaine de jours pour qu’il me soit livré, juste à temps pour encore profiter de l’été indien. Amazon propose également quelques kayaks gonflables, dont leur best seller absolu, l’Intex Challenger.
Le côté pratique de l’Itiwit de Décathlon est qu’il est livré avec un sac à dos permettant de transporter facilement le kayak. Comme je ne possède pas de voiture à Londres, je me déplace en train. Je peux aisément emporter le kayak jusqu’à son point de départ, le gonfler, descendre la Tamise, en sortir à destination, dégonfler le kayak et reprendre un train pour rentrer chez moi.
C’est ce que j’ai fait en cette magnifique journée de septembre pour une sortie en kayak avec un ami. Une descente très agréable qui nous a emmenés d’Hampton Court à Richmond. Un peu moins de 8 miles (12,8 km) avec un passage d’écluse à Teddington.
Nous avons pris le train de Clapham Junction à Hampton Court (30′). De la gare, nous sommes descendus vers le fleuve juste à la gauche du pont. Il y a là un départ pour la location de barques et de bateaux à moteur. On a donc pu profiter d’un accès facile à la Tamise après avoir gonflé le kayak (cela prend 5 minutes) juste à côté de la zone de départ des bateaux, pour ne pas troubler les activités du loueur.
Important à noter: vu que le kayak est équipé sous le dessous de trois ailerons pour équilibrer sa progression, il faut le placer à un bon mètre de la berge avant d’y entrer (sinon vous risquez de briser les ailerons). Ce qui signifie qu’il faut soit prévoir des chaussures que vous pourrez mouiller soit emporter deux paires, l’une pour votre expédition l’autre pour vous changer au terme de la descente. Il est toujours bon de glisser dans le kayak un sac étanche pour y ranger un kit de vêtements secs.
Depuis Hampton Court la descente nous emmène jusqu’à Kingston. Le fleuve est très calme à cet endroit, il nous faut donc pagayer assez activement pour progresser, à moins de se laisser porter par le faible courant en mode farniente.
Peu après Kingston on arrive à l’écluse de Teddington, qu’il faut emprunter par la gauche pour un portage facile: il faut sortir de votre embarcation et la porter jusqu’à la section maritime de la Tamise (soumise aux marées).
Sachez que pour la section en amont de Teddington (« non tidal Thames« , Tamise non maritime) vous devez disposer d’une licence octroyée par la British Canoeing Association (£45 par an par embarcation). Cette licence vous permet également d’avoir accès à toute une série d’autre cours d’eau, dont les canaux qui traversent le centre de Londres. Le site de la British Canoeing Association vous propose en outre une sélection de descriptifs détaillés de parcours à effectuer, au format PDF, dont celui-ci.
La section entre Hampton Court et Teddington vous prendra environ deux heures. A priori, si vous passez l’écluse à marée basse (descendante), vous n’éprouverez pas trop de difficultés à couvrir la distance entre Teddington et Richmond, qui ne devrait vous prendre que 45′ à 1 heure.
En ce qui nous concerne, nous sommes arrivés à cet endroit au moment où l’écluse de Richmond avait été ouverte, ce qui a accéléré la montée de la marée, ralentissant considérablement notre progression. Il nous aura fallu près d’1h30 pour parcourir cette ultime section de la descente.
Nous sommes arrivés dans la ville de Richmond littéralement inondée par la marée. En règle générale il est facile de repérer l’accès en pente à la rivière juste en amont d’un pub après le pont de Richmond. Mais en raison de l’inondation, nous avons du accoster tout en haut de cette pente rendue invisible, dans la rue.
Ici encore, pour protéger les ailerons, nous sommes sortis du kayak alors qu’il était à un bon mètre de la berge, mouillant à nouveau nos baskets, pour la bonne cause.
Nous avons ensuite dégonflé le kayak (cela ne prend pas plus de cinq minutes) et avons pris le chemin de la gare, à moins de 10′ de la Tamise. Quinze minutes plus tard nous étions de retour à Clapham Junction. Si vous avez un kayak gonflable, n’oubliez pas de bien le laisser sécher après chaque sortie pour éviter la moisissure. Si vous l’avez sali, c’est aussi l’occasion de le laver pour qu’il soit flambant neuf lors de votre prochaine descente.
La descente Hampton Court – Richmond nous aura pris en tout trois heures et demie, en raison de la marée montante.
J’espère que je vous aurai donné l’envie de tester vous aussi cette activité sur la Tamise, une sortie très agréable que vous pourrez faire en toutes saisons en solo, entre amis ou en famille.
La majesté des cygnes sur la Tamise. Un plaisir royal !
Comme l’évoque Peter Ackroyd dans son fabuleux ouvrage Thames: sacred river, le cygne est associé à la Tamise depuis des temps immémoriaux. En 1295 le monarque anglais nomma pour la première fois un Swan Master (Maître des Cygnes) chargé de veiller au bien-être de ces gracieux oiseaux tout le long du fleuve. La Reine d’Angleterre est également appelée le Seigneur des Cygnes. C’est dire si cet oiseau revêt une importance toute particulière pour la couronne britannique. read more…
Des baleines à Londres ?
Durant la matinée du vendredi 20 janvier 2006, les services de secours londoniens furent submergés de curieux appels. Une baleine aurait été repérée dans la Tamise ! Ce n’était pas une hallucination, une jeune baleine à bec venait en effet de passer en-dessous de Westminster Bridge. Le cétacé, surnommé “la baleine de la Tamise” semblait s’être perdue, puisque son habitat se trouve normalement bien loin de Londres, au large de l’Ecosse du Nord, dans les eaux de l’Océan Arctique. Ce fut la première fois qu’une baleine fut aperçue dans la Tamise depuis le début des observations en 1913. read more…
Pourquoi l’amplitude des marées augmente-t-elle sur la Tamise ?
Dans l’article consacré aux lions de la Tamise, je vous disais que l’amplitude des marées avait sensiblement augmenté depuis les années 1980, avec pour conséquence d’humecter fréquemment la gueule de ces félins et dès lors de nous faire craindre le pire pour la capitale. read more…
Les affluents de la Tamise
Wikipedia recense 51 affluents qui se jettent dans la Tamise de la source à l’embouchure, auxquels il faut encore ajouter une série de canaux (comme par exemple le Regent’s Canal, qui rejoint la Tamise à hauteur de Limehouse). Je vous propose d’en passer quelques uns en revue. read more…
Les îles et îlots sur la Tamise.
Vous ne le savez peut-être pas mais la Tamise recèle près d’une centaine d’îles et îlots à l’histoire fascinante, qui n’attendent que votre visite. Accompagnez-moi à la découverte de ce patrimoine méconnu. read more…
La source de la Tamise.
La Tamise prend officiellement sa source à Thames Head / Trewsbury Mead (cf photo ci-dessous), un lieu-dit situé à proximité du village de Kemble et de la ville de Cirencester, dans le Gloucestershire, à une altitude de 110m au-dessus du niveau de la mer (qui constitue donc le point haut du dénivelé de la Tamise). read more…
Jadis un égout à ciel ouvert.
Au milieu du 19ème siècle, les autorités ordonnèrent la fermeture de toutes les fosses septiques privées, engorgées par la popularité croissante du Water Closet. Les particuliers furent contraints de se raccorder aux égouts. Et la Tamise devint en plein centre ville – sans le moindre filtrage – le réceptacle de tous ces déchets domestiques. read more…
Les marées de la Tamise.
La Tamise est un fleuve dont le niveau varie considérablement entre les marées (jusqu’à 7 mètres (24ft) de différence). Si vous prenez la direction de la City depuis Putney à bord d’un bateau bus à marée basse, vous constaterez que les berges vous paraîtront particulièrement hautes. Vous pourrez même voir des bateaux comme amarrés dans le vide, notamment des péniches converties en bars-restaurants. Si vous repassez au même endroit à marée haute, ces bateaux seront à flot. Le débit moyen de la Tamise est de 81,7 m³ par seconde (mesuré à Teddington). La marée monte à une vitesse de 3 à 5 kilomètres par heure, jusqu’à 8 au printemps (une résistance dont il faut tenir compte si vous naviguez dans le sens du courant mais contre le cours de la marée). Vous pouvez consulter les horaires des marées sur le site du Port de Londres.
La marée montante présente un risque non négligeable pour les véhicules nonchalamment garés sur les rampes de mise à l’eau (slipways).
En 2015 l’artiste Jason deCayres Taylor a installé quatre sculptures de chevaux dans le fleuve, révélées uniquement à marée basse.
Le fait que la Tamise soit ainsi soumise au cycle des marées influence considérablement la manière dont la navigation y est réglementée. Les opérateurs commerciaux sont soumis à des normes plus sévères entre l’écluse de Teddington et l’embouchure du fleuve, une section appelée Tideway qui requiert une attention de tous les instants, tant les courants maritimes peuvent s’avérer dangereux, notamment à l’approche des ponts et pontons. Une vive agitation qu’accentuent encore les remous des plus gros navires.
Les règles sont plus souples sur la partie non soumise à la marée (en amont de Teddington), davantage réservée à la navigation de plaisance.
La vitesse de navigation est limitée à 8 noeuds en amont du pont de Wandsworth et à 12 noeuds entre le pont de Wandsworth et Margaretness, juste à l’est de London City Airport.
Écumer les berges
À certaines époques de l’histoire, l’amplitude des marées était telle que l’on pouvait semble-t-il traverser le fleuve à pied à marée basse en plein coeur de la capitale, à condition de vouloir braver les pièges de la boue et la pestilence des effluves. En 1858 l’odeur était telle que les sessions du parlement (situé sur la rive gauche de la Tamise) furent suspendues et que l’on décida de résoudre une fois pour toutes le problème de l’évacuation des déchets, jusque là déversés dans le fleuve sans le moindre filtrage. Nous reparlerons de ces grands travaux dans un prochain article.
Aujourd’hui les piétons ne tentent plus la traversée mais, dès que le fleuve se retire, on en voit beaucoup se balader sur les berges, armés d’un détecteur de métal, dans l’espoir de dénicher un petit trésor déposé par le courant. On appelle cela le « mudlarking » (écumer les berges), un hobby qui nécessite de nos jours un permis en bonne et due forme (£75 par an).
Le mudlarking est pour certains une véritable passion, ponctuée d’instants romantiques et d’autres plus tragiques, comme le raconte Lara Maiklem, une adepte de la discipline depuis une vingtaine d’années:
« La découverte de marques d’affection est une expérience particulièrement intense. Au 17ème siècle, au lieu d’une bague, les amoureux pliaient une pièce en argent de 6 pences qu’ils remettaient à leur dulcinée. Si l’amour était réciproque, la jeune femme conservait ce présent. Sinon il finissait dans la rivière. Des alliances sont encore de nos jours régulièrement retrouvées sur le rivage, ce qui laisse penser que la Tamise reste le réceptacle des coeurs brisés, des rêves mais aussi de l’ultime désespoir: le suicide. Je n’oublierai jamais ce jeune homme que j’ai aperçu échoué sur le rivage il y a quelques mois… »
Londres depuis les collines qui bordent la Tamise.
L’urbanisation nous donne parfois l’impression que la Tamise coule au milieu d’une immense plaine. Mais si vous avez déjà effectué à pied le trajet qui sépare Westminster de Hampstead ou Wandsworth de Wimbledon vous aurez remarqué que le fleuve est en fait relativement encaissé, souvent entouré de collines aujourd’hui densément peuplées, à l’exception de quelques oasis (Hyde Park, Regent’s Park, Battersea Park, Richmond Park,…) qui nous rappellent que Londres fut longtemps entourée de vastes espaces verts, offrant un tableau très bucolique.
Regardez par exemple cette vue de la ville en 1543, que l’on doit à Anthony Van Wyngaerde, un dessinateur flamand spécialisé dans les vues paysagères urbaines. On y découvre la cathédrale St Paul et si l’on observe bien la carte, juste à gauche, un cours d’eau qui jadis venait se jeter dans la Tamise à l’emplacement de l’actuel pont de Blackfriars, la rivière Fleet, qui a donné son nom à la rue qui relie aujourd’hui le Palais de Justice à Farringdon Street. Fleet Street où se concentraient autrefois la plupart des titres de presse.
À gauche de l’illustration on retrouve l’Abbaye de Westminster qui, comme vous pouvez le constater, était alors à l’extrémité occidentale de la zone urbanisée, simplement rattachée au coeur de la ville par une bande assez étroite de palais et larges demeures.
Une fois gravies, les collines qui entourent la ville vous offrent encore aujourd’hui de magnifiques panoramas. Voici trois points de vue que je recommande à celles et ceux qui ont l’occasion de découvrir Londres de Greenwich à Richmond.
1° Depuis l’observatoire de Greenwich (Musée Maritime à l’avant plan, Canary Wharf sur la droite en arrière plan).
2° Depuis Parliament Hill à Hampstead Heath
La vue était bien différente à l’époque de John Constable, vers 1820.
3° Depuis Richmond Hill (Terrace Field Park)
Un point de vue qui avait retenu l’attention de Turner au début du 19ème siècle (Richmond Hill, le jour de l’anniversaire du Prince Régent, 1819, un tableau que vous pouvez retrouver à la Tate Britain tout comme celui de Constable).